L’histoire de la Haute Fidélité française ne date pas d’hier, certaines marques comme Elipson par exemple, nous rappellent qu’elles peuvent aussi atteindre l’âge respectable des 80 ans. Si toutes ne remontent pas aussi loin, il faut bien avouer que le paysage de la Haute Fidélité française s’avère particulièrement riche. Électroniques haut de gamme et enceintes particulièrement sophistiquées sur le plan technique, des marques historiques comme Jadis, Jean Marie Reynaud ou Pierre Étienne Léon sont là pour nous dire que la Haute Fidélité française a marqué l’histoire depuis longtemps. Exportées dans le monde entier depuis des décennies, les fabricants, concepteurs et innovateurs de la Haute Fidélité bien de chez nous continuent à croire qu’une reproduction musicale de très haut niveau et de grande délicatesse sera toujours possible en France, même dans 20 ou 30 ans d’ici. A notre époque, des marques récentes d’électroniques, de câbles ou d’enceintes continuent de nous étonner par cette recherche incessante de la perfection musicale lorsqu’il s’agit de la reproduire avec le plus de précision et d’émotions possibles.
Concernant cet article, il me serait cependant difficile de toutes les citer. Je me contenterais ici de n’en citer que quelque-unes, celles qui nous ont touchés lors de nos nombreuses écoutes en salon, à Paris, Munich, Bruxelles, Lyon… C’est ainsi que j’aimerais prendre un instant pour vous parler d’Apurna, une marque d’amplificateurs et de préamplificateurs très haut de gamme et de très haut niveau d’écoute. Impossible également de ne pas vous parler d’Helixir Audio ni de consacrer quelques lignes à B.Audio ou à la récente marque d’enceintes T & T.
Christian Catauro est le concepteur d’un DAC qui sort résolument des grandes séries par sa conception hors du commun, un pari technologique qui s’avère gagnant à chaque nouvelle écoute. Plus précisément, il s’agit du HRDDAC, un convertisseur numérique analogique conçu sur un prédicat considéré comme faux par son concepteur, celui de dire que le numérique est incapable de reproduire la même fluidité et l’émotion libérée par le principe de reproduction analogique. Disons que Christian s’apprête à renverser des impressions d’écoute qui ont déjà plus de 30 ans en s’appuyant non seulement sur des arguments purement technologiques mais aussi sur un parallèle particulièrement audacieux et juste entre la technologie, le rapport à la musique et à l’émotion qu’elle libère. Notre concepteur marseillais a t-il réussi à bousculer ces idées préconçues qui sont disons, plus souvent basées sur des électroniques ou des DAC qui ne font jamais que de traduire des 0 et des 1 sans prendre en compte les données physiologiques inhérentes à l’oreille humaine et au système nerveux qui articule la perception froide d’un son en écoute attentive de la musique ? La réponse est simple:
Oui.
Contacté par Apurna par le biais de nos blogs respectifs, Jean pour l’audioexpérience.fr et moi-même pour audiodynamics.info, nous avions rédigé un article de présentation de la marque avec un certain étonnement car leurs amplificateurs et préamplificateurs s’éloignaient de ce qui se fait d’ordinaire, sans respecter les canons du format rack en 44 cm de longueur. Originaux par leur présentation, les électroniques Apurna s’affirment par une esthétique hors du commun, par plusieurs habillages et finitions qui peuvent être choisis par l’heureux possesseur de ces électroniques qui s’affichent là aussi par des performances musicales qui n’ont rien de commun avec la plupart des autres électroniques du marché. A la fois puissant et raffiné, Apurna propose une sorte d’aboutissement en termes d’électroniques, du moins, à mon humble avis. Avec une réserve de courant qui semble illimitée, l’amplification répond au dixième de microsecondes avec une force et une aisance associée que je n’avais encore jamais vraiment entendues ailleurs. Mariés à des enceintes Focal, les Apurna faisaient preuve d’une maîtrise tellement simple que cela en était vraiment déroutant. Mon écoute d’Apurna et Focal s’est faite au High End de Munich dans une petite salle du premier étage. J’ose à peine imaginer ce que ces électroniques pourraient libérer dans une salle d’écoute dédiée.
Toujours est-il qu’Apurna s’était très judicieusement associé à un DAC B.Audio, et qui contribuait d’ailleurs tout autant aux résultats d’écoute particulièrement exceptionnels que j’ai pu apprécier à Munich. L’esthétique très fouillée dans les détails et l’articulation exemplaire du message musical m’ont vraiment stupéfait. La présence des voix s’avérait confondante de réalité, comme si vous étiez réellement à quelques dizaines de centimètres de la scène. Si ce genre de démonstration parait courante dans les salons, c’est bien la première fois que je me retrouvais vraiment aussi près du réel. Parlant d’esthétique sonore, je dirais même que si le DAC de B.Audio se montre particulièrement détaillé, clair et subtil, celle du HRDDAC d’Helixir Audio présente une écoute toutefois différente, avec un lié et une fluidité qui n’appartiennent qu’à lui.
Cependant, étant particulièrement difficile et tatillon sur le câblage car j’estime qu’ils contribuent pour une part significative à la beauté de l’écoute ou au contraire, à constater une catastrophe acoustique, Apurna avait eu l’excellente idée de faire appel au haut de gamme d’Absolue Créations pour câbler ce système exceptionnel. Particulièrement neutre, Absolue Créations, comme à chaque fois que j’ai l’occasion d’écouter une chaîne Haute Fidélité câblée par leurs soins, a toujours le bon goût de laisser parfaitement s’exprimer les électroniques associées, sans imposer la moindre signature sonore à l’écoute. La transparence se fait particulièrement surprenante, même après plus de 25 ans d’écoute en salons et professionnels du milieu. A vrai dire, à ce niveau, Absolue Créations fait partie des rarissimes marques de câbles qui réussit totalement à se faire oublier, tout en laissant s’exprimer toute l’émotion et la justesse d’interprétation des œuvres jouées.
J’aurais également plaisir à citer l’écoute des enceintes T & T réalisées au Festival Son & Images qui vient juste de se terminer au Novotel Paris Tour Eiffel. C’est précisément sur ces enceintes, avec électroniques Atoll, que différents modèles d’Absolue Créations nous ont été présentés par les concepteurs de la marque, qui ne sont autres que Christophe Condouret et Alain Yzembar. Avec Atoll l’écoute proposée présentait une belle clarté, un caractère très neutre, bref… une écoute claire et très droite. Ici la transparence était telle que le changement de gamme des Absolue Créations se faisait totalement évident. Il devenait alors très simple de distinguer non seulement les nuances mais aussi le caractère de chaque gamme de câbles. La texture du grave changeait parfaitement d’un câblage à un autre, qualité que j’ai eu tendance à mettre aussi du côté des enceintes T & T, lesquelles ne manquent pas de qualité à l’écoute, notamment sur le grave où elles exprimaient une belle palette de timbres.
A vrai dire, je pensais dès la première ligne de mon article vous écrire un tout autre papier en revenant plus particulièrement sur l’histoire encore récente de ces marques. Au fil de la plume, il en a été tout autrement. Mes souvenirs du High End de Munich sont remontés à la surface de manière assez précise pour que je puisse vous faire part de mes impressions d’écoute – très attentives – du système Haute Fidélité présenté par Apurna, élégamment associé à d’autres marques françaises comme Focal, B.Audio et Absolue Créations. Assez parlé pour ma part, je laisse désormais la parole à Jean Razzaroli qui a déjà eu l’occasion d’écouter B.Audio de manière bien plus approfondie que j’ai eu le plaisir de le faire…
Eric Mallet
————
Jean Razzaroli: A la vérité, je suis toujours méfiant lorsque j’aborde un appareil qui propose une reproduction qui se distingue nettement des autres productions. Pourquoi ? Parce que j’ai appris à me méfier de l’effet «wow!» lorsque qu’un maillon ajoute quelque chose de nouveau à un système, en raison du changement qu’il produit. Et c’est précisément le cas lorsqu’on introduit le B.dac de B.Audio dans un équipement existant que l’on connaît parfaitement.
Particulièrement claire, l’écoute de ce DAC est déstabilisante par la somme d’informations qu’il restitue. Ce qui pourrait paraître évident, en provenance d’un enregistrement numérique, l’est d’autant moins lorsqu’on s’aperçoit que cette luminosité ne se fait pas au détriment de l’équilibre général. Cette caractéristique lui permet d’extraire des détails pour un résultat qui m’a paru aller dans le sens d’une meilleure répartition de la palette sonore sur l’ensemble du spectre audible.
Dès les premières mesures on se rend compte que le B. Audio apporte une richesse harmonique supérieure par rapport à la moyenne des DAC du marché. La restitution gagne en expressivité et en fluidité. Le grave, tout en étant léger, est profond et nuancé. Les voix se manifestent par une présence physique plus charnelle, avec une intensité émotionnelle encore plus évidente. Les crescendo sont plus réalistes, sans pour autant virer à l’agressivité. Sur un morceau de jazz, on ressent physiquement les vibrations de l’archet sur la contrebasse. les cymbales sont plus riches et sonnent encore plus vraies Les instruments se détachent davantage, les interprètes s’expriment avec plus de virtuosité, l’ensemble orchestral respire mieux. La musique acquiert une autre dimension.
Si l’émotion m’a atteint plus facilement c’est le signe que la musique s’épanouit avec davantage de legato, c’est à dire ce lien qui existe entre les notes et qui donne toute son expressivité au message. Cette rectitude et cette exactitude ne doit pas nous faire omettre que la technologie employée aboutit à un très net recul du bruit de fond, en apportant des silences remarquables. Etant donné que ce DAC n’impose pas une signature particulière, les audiophiles trouveront avec le B.dac de B.Audio un convertisseur hors du commun qui les comblera au-delà de leurs espérances et qui, pour moi, se résume à cette célèbre citation de Miles Davis : « La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence ».
3 Comments
[…] musique, du moins, selon des critères audiophiles exigeants. Inutile de rappeler toutefois que les DAC ont fait d’énormes progrès mais malgré cela, c’est loin d’être suffisant pour […]
[…] est constituée de 7 éléments : 1 ampli-DAC, 1 alimentation secteur, 2 filtres et 2 enceintes, ainsi qu’un meuble en […]
[…] suite. Quant à la gamme des amplificateurs et des préamplificateurs proposés, les électroniques Apurna se déclinent en trois collections: Soprano, Apogée et […]